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Ma première expérience sur cette « monture » bien particulière qu’est la joëlette consistait à réaliser le tour de l’île Sainte-Marguerite, au large de Cannes, de l’embarcadère jusqu’à la célèbre prison du masque de fer par un sentier qui longe la mer et la baie de Cannes. C’était au cours d’une belle journée du mois de février 2004, avec une vue magnifique sur les montagnes enneigées de l’arrière pays niçois. Nous sommes arrivés avec le bateau des îles, tels des conquistadors, avec ma monture rouge en pièces détachées au fond du bateau…

En chemin nous avons croisé des promeneurs qui me regardaient avec des regards fuyants, pensant certainement « Tiens regarde, c’est une honte de se faire promener ainsi, telle une reine… Lorsque l’on a de l’argent à Cannes, tout est vraiment possible ! » Mais non, je ne suis pas une VIP qui m’offre des porteurs ! Tout n’est pas possible et je dois avouer que j’ai souvent eu honte de plus pouvoir marcher comme avant… Je me souviens lorsque je courais, petite, sur ce sentier le dimanche avec mes parents. Que de bons souvenirs !

Depuis, les années ont passé et j’ai quand même poursuivi les randonnées, malgré mon handicap, sur des terrains plats comme sur des sommets impressionnants, grâce à la joëlette et à mes accompagnateurs ! Avec toujours ce même plaisir de découvrir de nouveaux univers ou de revoir des paysages familiers ! Je suis souvent ballotée, voire secouée, sur les chemins caillouteux, parfois même je ressens des douleurs et regrette alors d’être venue lorsque la fatigue se fait trop importante… Il faut régulièrement se repositionner, malgré les douleurs dans les genoux, le dos, voire même dans tout le corps. Tous les muscles sont tendus lors des passages délicats. Il faut savoir aussi qu’il m’arrive d’éprouver de grands sentiments de frustrations lors des passages des cols en altitude lorsque j’entends la respiration courte et l’essoufflement de mes accompagnateurs, des sensations que je ne peux plus ressentir à présent…

Le froid est encore plus difficile à supporter pour moi que pour mes accompagnateurs puisque je ne peux pas bouger. J’ai les pieds et les mains glacés, gelés par le manque de mouvements. Je ressens parfois une spasticité incontrôlée et contrariée par les sangles qui me bloquent les pieds. La spasticité est une exagération du réflexe myotatique et consiste en un étirement rapide d’un muscle qui entraîne trop facilement sa contraction réflexe qui dure un certain temps. Que d’inconforts, je dois avouer, mais aussi que de joies semblables à la satisfaction que je ressentais lorsque j’étais valide après avoir effectué une longue randonnée ! Je m’écroulais alors de fatigue et je plongeais avec grand bonheur dans un sommeil bien réparateur.

Pour conclure, bien qu’assise sur une joëlette, les difficultés surmontées telles que le froid et l’inconfort, sont vite oubliées lorsque le paysage, inaccessible sans joëlette, m’est offert grâce à la solidarité de mes accompagnateurs. Je retiens avant tout le bonheur qui m’envahit et la possibilité de m’évader de mon quotidien grâce aux sorties en joëlette.

 
Dominique VERAN,
Présidente d’Osons La Différence

Une réponse

  1. ravaux dit :

    la fureur de vivre que je connais bien avant et après mon accident jusqu’au bout et à fond

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